Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 15 janvier 2016
Prévention de la délinquance

Les maires de banlieue demandent plus de moyens pour prévenir la radicalisation

L’Association des maires Ville & Banlieue de France a remis hier à Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, des propositions « pour la prévention des dérives sectaires et fondamentalistes dans les quartiers prioritaires ». Au lendemain des attentats du 13 novembre, le gouvernement avait demandé aux élus de lui soumettre des pistes de travail pour prévenir les risques de radicalisation. « Nos propositions reprennent en grande partie celles que nous avions adressées en 2012 aux candidats à l’élection présidentielle et qui revêtent aujourd’hui un caractère d’urgence impérieuse », a souligné Marc Vuillemot, président de l’association depuis le 9 juin 2015 et maire de La Seyne-sur-Mer (Var). Elles se déclinent dans trois domaines : « L’éducation scolaire et populaire, la parentalité et la santé mentale », « la formation, l’insertion sociale et professionnelle, l’accès à l’emploi »  et « la prévention, la sécurité, la justice et la formation des acteurs publics ».
Dans ce dernier domaine, l’association insiste particulièrement sur la nécessité de renforcer l’information des élus « notoirement insuffisante »  selon Marc Vuillemot qui pointe le paradoxe consistant « à demander aux maires d’être en première ligne sur la détection du risque de radicalisation sans leur en donner les moyens ». Ville & Banlieue propose notamment « pour les personnes fichées S de donner aux maires un minimum d’information utile »  tout en soulignant la nécessité de partager ces informations avec tous les professionnels qui sont en contact quotidien avec les jeunes. L’association suggère « d’avoir des temps d’échange avec la justice et la police sur le suivi global des dossiers préoccupants »  et de « revoir et renforcer le rôle des conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) en matière de prévention des dérives fondamentalistes ».
Loin de plaider pour une réponse uniquement sécuritaire, les élus rappellent à l’Etat la nécessité de mobiliser les crédits de droit commun et ceux fléchés sur la politique de la ville dans les trois champs de ses propositions. « Il faut lutter contre l’apartheid social dont souffrent les jeunes de banlieue, a affirmé Philippe Rio, maire de Grigny (Essonne) et membre du bureau de l’Association. C’est la meilleure des préventions. Nos quartiers ne sont pas des fabriques à terroristes ! Il faut redonner de l’espoir aux jeunes en agissant par exemple sur la déscolarisation et l’insertion professionnelle ». Les élus ont notamment tiré la sonnette d’alarme sur la situation financière dramatique des associations qui ont pourtant un rôle crucial en matière de prévention.
Patrick Kanner a annoncé aux élus de Ville & Banlieue qu’une formation des maires et de leurs adjoints à la détection de la radicalisation sera organisée en février (comme c’est déjà le cas pour les agents de la fonction publique), en partenariat avec la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). Il a indiqué que le gouvernement proposera avant l’été à l’Association une convention d’objectifs cosignée par son ministère et celui de l’Intérieur, qui pourrait déboucher sur la mise en œuvre de ses propositions. A plus court terme, le projet de loi « égalité et citoyenneté », toujours attendu pour février, favorisera notamment l’insertion professionnelle et l’engagement républicain à travers un renforcement du service civique et la création d’une réserve citoyenne pour des missions d’intérêt général. Des mesures pourraient aussi être annoncées lors du prochain Comité interministériel à l’égalité et à la citoyenneté prévu au printemps.
Xavier Brivet
Télécharger les propositions de Ville et banlieue contre la radicalisation.

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